
« Le sauvage » fait peur et pourtant renouer avec la Terre nécessite de renouer avec « le sauvage » à l'extérieur comme à l'intérieur de nous.
« Le sauvage », c'est l’élan vital. C’est ce qui est hors contrôle. Un animal est sauvage lorsqu'il ne peut être domestiqué. Une terre hébergera toujours du sauvage, à moins d’être rendue complètement stérile par des pesticides. « Le sauvage » est aussi en nous. Il veille à notre intégrité sur le plan physique et sur le plan psychique. Que quelqu'un nous menace et le cerveau reptilien réagit aussitôt, prêt à défendre notre personne !
Notre cerveau archaïque est au service de la vie. Pour ce faire, il peut soutenir aussi bien les causes les plus nobles que les plus terribles.
Autrefois, la communauté offrait des rituels qui permettaient de donner un espace social au « sauvage » existant en chacun de ses membres. Il n’y a pas si longtemps, les carnavals avaient encore cette fonction. Aujourd’hui, la pensée cartésienne a exacerbé le sentiment de séparation :
Au sommet de l'Empire State Building, symbole de la puissance humaine moderne, King Kong est exécuté par les avions mitrailleurs. Il s'écrase au sol. Mais notre monde occidental ignore qu'on ne peut venir à bout de toute la puissance du « sauvage ».
Aujourd'hui, le chemin que nous avons à suivre est celui d'une réconciliation avec « le sauvage » : à l'extérieur et à l’intérieur. Renouer avec « le sauvage » permet une nouvelle connexion organique entre notre être et la nature. Nous ressentons dans notre corps ce qui ne va pas en nous et à l’extérieur de nous. Nous sommes affligés et nous avons envie de réagir.
Notre mobilisation vient alors de plus profond : nous sommes impliqués dans notre chair et nous mesurons notre responsabilité.
Marie Romanens et Patrick Guérin